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Bibracte
L’oppidum des Eduens est situé sur le Mont Beuvray. Que les Eduens aient pris ce lieu pour capitale est d’une grande évidence quand on étudie la localité. De son sommet on a une vue qui s’étend sur tout le pays éduen (on peut même apercevoir le Mont Blanc par très beau temps). Bibracte se situe juste au nord du passage le plus pratique pour joindre la Loire à la Saône, et une voie gauloise passait avant même l’époque romaine en contrebas à l’emplacement de Luzy. C’est d’ailleurs aux alentours de Luzy et Millay que l’on pense qu’a eu lieu la bataille de Bibracte, les armées romaines ayant sans doute été postées sur le mont Dône et les armées Helvètes sur une proéminence à l’opposé sur l’autre rive de l’Alène. Un grand nombre de voies partaient de Bibracte ; ces voies desservaient entre autres les nombreux sites miniers du sud du Morvan, faisant de Bibracte une place forte pour contrôler les lieux de production mais aussi pour y placer des artisans métallurgistes. Ceux-ci seront d’ailleurs nombreux, si on en croit l’importance du quartier des artisans du sud d’Augustodunum, qui semble avoir été essentiellement peuplé d’artisans originaires de Bibracte. Cette migration aura lieu lorsque l’empereur Auguste entamera la construction d’Augustodunum, laissant l’ancien oppidum décliner petit à petit.
Augustodunum
La construction de la ville, nouvelle capitale des Eduens, est datée de 15 avant JC, et semble partir d’une volonté impériale. En effet la ville est pourvue d’une importante fortification de plus de 6km de long (actuellement la plus grande restante de l’Empire d’Occident, hormis Rome), ce qui en ce temps de pax romana est vu comme un souhait de confirmer la puissance romaine dans la région mais aussi de flatter la fidélité du peuple éduen à l’égard des Romains qui se considèrent comme leurs frères. Cette ville fut l’une des plus importantes de Gaule à l’époque romaine, en témoignent les dimensions de ses édifices : son théâtre ainsi que son amphithéâtre furent parmi les plus grands de l’Empire. Des écoles méniennes y sont installées, elles sont considérées comme la première université de France et Tacite mentionne qu’en l’an 20 (environ 35 ans après sa fondation) la jeunesse la plus cultivée de Gaule et même d’Italie s’y trouve pour y faire ses études : ceci se ressent dans le grand nombre d’inscription en grec (dont la mosaïque des philosophes grecs) ce qui n’est pas commun en Gaule, témoignant d’Augustodunum comme étant une ville de culture. Sa prospérité s’affirmera jusqu’au IVe siècle, après quoi elle déclinera à son tour en raison de l’affaiblissement de l’autorité impériale mais aussi du fait de difficultés économiques.
Le sanctuaire des sources de l’Yonne
Ce sanctuaire a été découvert sur la commune de Glux-en-Glenne dans la Nièvre, non loin de Bibracte, lors de fouilles entre 1978 et 1983. Ce sanctuaire est ceint d’un enclos rectangulaire de 94 mètres de long sur 46 mètres de large, et dans cette enceinte se trouvent trois fana, temples carrés dont le tour est composé de portiques qui permettent des circumambulations. Des pièces retrouvées à cet endroit permettent de dire que le lieu a été occupé aux Iers siècles avant et après JC. Qu’il n’y ait pas de monnaie retrouvée sur les siècles postérieurs ne signifie pas que le site fut abandonné, mais celui-ci a certainement perdu progressivement en influence lorsque la capitale fut déplacée de Bibracte à Augustodunum.
Le sanctuaire se situe aux environs des sources de l’Yonne, que les Gaulois adoraient sous le nom d’Icauna, qui donne d’ailleurs son gentilice aux habitants de l’Yonne : les Icaunais. On n’a retrouvé aucun ex-voto sur ce site, ce qui semble indiquer que ce n’était pas des sources liées à des guérisons. La présence de trois fana montre qu’on adorait sans doute trois divinités dans ce même lieu, ce qui est régulièrement le cas pour les fontaines de l’Est de la Gaule, et dont on garde la trace dans les légendes locales : lors de la christianisation, on voulut enlever les trois divinités, mais celles-ci revenaient à leur emplacement initial tous les matins ; on finit par remédier à cette situation en confiant chacune des statues à trois sources avoisinantes, après quoi le problème cessa. A noter que ce type de légendes sur les divinités récalcitrantes, liées aux sources, est un grand classique dans toute la Gaule.
Fontaines salées de Saint-Père-sous-Vézelay
Ce site gallo-romain est situé dans la commune de Saint-Père-sous-Vézelay, sur les bords de la Cure. Ces fontaines se trouvent également le long de la Via Agrippa, entre Autun et Auxerre. On sait que ce site est connu au moins depuis le néolithique, les Celtes ayant ajouté à ce lieu un bassin avec un fanum. On a retrouvé dix-huit puits de captage de l’eau.
A l’époque gallo-romaine, le site se voit doté d’un véritable centre balnéaire avec plusieurs bassins, ainsi qu’un gymnase et des portiques : c’était un centre thermal d’importance grâce à ses eaux salées et gazeuses, avec une température de 15°C. Le site semble avoir été occupé jusqu’au début du Ve siècle.
Le lieu eut un puissant attrait commercial à cause du sel de la source, et des marais salants avaient même été installés pour récolter le sel, avant que les eaux en surplus ne regagnent le cours de la Cure. Le sel continua d’être exploité par les moines, qui s’étaient installés là, avant que le bourg ne se déplace sur la colline de Vézelay. Avec le temps, le site fut d’ailleurs recouvert par ordonnance royale à cause de la contrebande de sel qui avait lieu : des faux-sauniers venaient de nuit récolter du sel sur les terres des moines.
Thermes gallo-romains de Saint-Honoré-les-Bains
On s’accorde aujourd’hui pour dire que la ville de Saint-honoré-les-Bains correspond à l’antique cité d’Aquae Nisinaei, qui se trouve sur la voie reliant Augustodunum à Avaricum, comme le montre la carte de Peutinger. On a rapporté que le vicus à l’époque gauloise se nommait Arbandal (ou Arbandata) sur le territoire des Ambivarètes, qui sont un peuple client des Eduens, chez lesquels séjourna le légat C. Antistius Reginus après la bataille d’Alésia. Reginus est supposé être le découvreur des sources thermales, mais les monnaies les plus anciennes trouvées sur place ne remontent qu’à la fin du règne d’Auguste, plus de 50 ans après la Guerre des Gaules ; de plus, l’emplacement exact du peuple des Ambivarètes est pour l’heure inconnu, il est donc impossible de dire si Reginus se trouvait effectivement à Saint-Honoré-les-Bains, ni même si la ville existait avant l’arrivée des Romains, comme l’archéologie n’a rien découvert sur le site qui soit antérieur au Ier siècle ap. JC.
C’est lors de la construction des thermes modernes au XIXe siècle que furent redécouverts les thermes de l’époque antique. En 1820 on découvrit quatre baignoires demi-circulaires dont les murs et les sols sont faits de marbre, et en 1838 de nouvelles excavations ont mis en évidence l’ensemble thermal : tout le bassin collecteur des sources, sept puits communiquant par un canal plaqué de marbre, une piscine, un impluvium, ainsi qu’un hypocauste. On y découvrit également plusieurs mosaïques, de nombreux bronzes ainsi que des pièces de monnaies allant du règne d’Auguste (-29 à 14) au règne de Constantin II (337 à 340), montrant par-là que le site a été utilisé au moins jusque dans la seconde moitié du IVe siècle. Les thermes ayant souvent une vocation cultuelle, il est possible que le site ait ensuite pâti de la politique religieuse impériale en faveur du christianisme, la chute de l’Empire romain au siècle suivant achevant déjà un déclin bien amorcé.
Ce site fut important en terme de fréquentation et la ville fut un centre artisanal d’importance jusqu’à l’époque mérovingienne, en témoignent les outils retrouvés ainsi que les fragments de céramiques (sigillée, tessons décorés à la roulette,…) qui semblent être en rapport avec une production locale. On a trouvé deux statuettes en céramique blanche, dont une signée Pistillus.
Le camp de Cora près de Saint-Moré
Ce site, à l’extrémité nord du Morvan, est occupé depuis l’époque préhistorique, comme en témoignent des grottes le long de la Cure. A l’époque romaine, ce village, profitant de son emplacement le long de la via Agrippa, deviendra une véritable ville, du nom de Cora, toponyme celte à mettre en relation avec la rivière qui coule ici : la Cure. On y a retrouvé nombre de domus et de villae, ainsi qu’un nemeton qui se sont montrés riches en objets anciens, montrant par-là que la ville était un centre important d’artisanat et de travail du fer, minerai qui venait depuis les mines du Morvan.
Le vestige le plus important de cette époque est le camp romain, qui est situé sur les hauteurs du village de Saint-Moré, qui fait à l’époque partie du même ensemble urbain. On y a découvert des pièces de monnaie allant des règnes de Néron jusqu’à celui de Valentinien, ce qui suppose une occupation du camp de la première moitié du premier siècle jusqu’à la seconde moitié du Ve siècle. Les fouilles archéologiques ont également montré des traces d’occupation antérieures : énormément de silex, pierres taillées, et divers objets en bronze et en fer d’avant la conquête romaine. La Notitia Dignitatum rapporte que des auxiliaires Sarmates étaient basés dans cette région, en témoignent les noms de communes tels que Sermizelles (Sarmisoliae), il a donc été avancé que des Sarmates tenaient peut-être le camp dans l’Antiquité tardive.
Ce camp permanent dispose de fortifications en pierre calcaire, munies de sept tours dont une principale à l’entrée du camp. Les murs ont 2,70m d’épaisseur pour 3 à 7 mètres de hauteur, et 190 mètres de longueur, disposant d’un remblai de terre à l’intérieur pour aplanir le terrain qui est en pente douce. A l’extérieur, on a un fossé de 150m de long, large de 12 à 14 mètres et profond de 2 mètres taillé à même la roche, avec certainement un muret de pierre d’un mètre de haut sur l’extérieur constituant une double enceinte. Les longueurs sont celles des murailles restantes, car le camp au total forme un ovale de 400 à 600 mètres de large. L’intérieur du camp est actuellement boisé, et l’observation du site se trouve du coup plus aisée en hiver qu’en été.
Il y a eu des réserves émises sur le caractère romain des murailles. Certains historiens ont avancé qu’elles auraient pu être élevées entre le VIe et le IXe siècle, à cause de leur air médiéval. Toutefois on a aussi avancé que le camp a très bien pu être construit tardivement (IIIe siècle) et à la hâte par les légionnaires à l’emplacement même du vicus, à cause de menaces d’invasions. Mais des fouilles récentes confirment bien la romanité de l’ouvrage, de même qu’elles ont permis de découvrir l’emplacement de fortifications du Ier millénaire avant JC autour d’un tumulus. Elles ont permis également de montrer que le camp a continué d’être utilisé au début Moyen-Âge, comme on y a découvert une nécropole ainsi qu’un bâtiment de cette époque. Il est donc vraisemblable que l’air médiéval de la muraille soit dû à des réparations à l’époque mérovingienne, voire carolingienne.01)
Le site des Bardiaux
L’agglomération des Bardiaux se trouve sur le versant nord-ouest de la cuvette d’Arleuf, dans la Nièvre, à l’emplacement d’un col sur la via rustica reliant Autun à Entrains. Ce lieu constituait une halte, qui a pour particularité d’être un des rares établissements ruraux et romains de montagne. Les environs étaient assez densément peuplés, on y a retrouvé les vestiges de nombreuses villae ainsi que des ateliers de travail du métal.
Le point le plus remarquable de ce site se trouve être le théâtre des Bardiaux, constitué d’un simple mur d’enceinte et d’un bâtiment de scène divisé en trois compartiments. On suppose qu’un podium en bois se trouvait sur le compartiment donnant sur l’orchestra. La cavea, creusée dans la pente, n’était soutenue par aucune charpente ou maçonnerie mais était cernée d’un mur long de 163 mètres. La scène quadrangulaire se trouvait au milieu de la façade, longue de 44 mètres avec deux corridors de part et d’autres de cette façade. L’ensemble orchestra-cavea, avec un rayon de 32 mètres, pouvait accueillir environ 700 personnes. Ce qui est un signe que ce lieu était très fréquenté, contrairement à ce qu’on pourrait penser en voyant le lieu.
On estime que le théâtre fut bâti vers la fin du IIe siècle puis abandonné vers le milieu du IVe siècle, si on se réfère aux pièces de monnaie que l’on a retrouvées sur place. Le théâtre fonctionnait sans doute en lien avec une mansio, auberge placée le long d’une voie romaine, mais elle n’a pas été retrouvée avec certitude.
Nombreux sont les objets qui ont été retrouvés à cet endroit : une fibule avec décor de damier polychrome semé de fleurettes, un couvercle de boîte ronde en bronze à décor de pâte de verre, ainsi que des bagues, une ampoule à onguent, un ornement de char, etc… Mais le plus notable des objets découverts à cet endroit est sans doute une statuette de 16 centimètres en bronze représentant Fortuna (Abondance), dite Dame des Bardiaux, qui doit sa renommée du fait de la qualité du travail et surtout de son état de conservation, qui est certainement dû au fait qu’elle était conservée entre deux moellons. Cette pratique se retrouve régulièrement dans les structures des bâtiments de l’Antiquité : c’était une manière de confier à la divinité la pérennité de l’ouvrage. La statuette est conservée au Musée Rolin à Autun.
La Via ferrata
Au nord-est de Saint-honoré-les-Bains se trouvent les vestiges d’une ancienne voie dite ferrata, car c’était sur cette voie que transitait le fer, depuis les mines du Morvan jusqu’aux villes alentour. Celle-ci remontait vers Arleuf, passant notamment au site des Bardiaux, sans doute au pied de Bibracte également, mais il n’est pas démontré que cette voie passât par l’ancien oppidum éduen, puis redescendait de l’autre côté de la montagne en direction d’Autun. On a relevé des reliquats de fer sur cette voie, ce qui a permis de lui donner ce nom, cependant rien ne permet d’affirmer que cette voie fût plus qu’une autre dédiée au transport des minerais, les différentes voies étant nombreuses dans tout le Morvan.
Sites miniers du Morvan Antique
- Le site de la Loutière à Ouroux-en-Morvan consiste en deux fosses étalées sur 210 mètres de long pour 12 mètres de profondeur allongées et deux petites fosses circulaires. Du fait des vestiges du chantier encore visibles aujourd’hui, on estime qu’il y a sans doute eu également une exploitation souterraine des minerais. A cause du nom du site on a pensé à une époque que fosses pussent être des fosses pour piéger les loups, mais à tort.
- Le Canal du Touron à Arleuf est un site exceptionnel, ses dimensions avaient laissé croire qu’il s’agissait d’un canal pour permettre le passage des navires afin de rendre l’Arroux navigable jusqu’à Autun, d’où son nom très trompeur. En réalité il s’agit là d’une gigantesque minière longue de plus de 500 mètres, large de 20 à 25 mètres pour une profondeur moyenne de 8 mètres. Une étude des sédimentations a montré que cette minière avait été exploitée avant même la période romaine. A cet endroit on exploitait du quartz métallifère contenant de l’or et du plomb argentifère.
- Près de la Fosse, toujours sur la commune d’Arleuf, se trouve là aussi une riche zone métallifère, où l’on trouve des pyrites à cuivre, du plomb argentifère ou du zinc. Le site antique consiste en deux grandes fosses de plus de 80 mètres de long pour 7 mètres de profondeur, et on y cherchait avant tout le fer qui sera d’ailleurs exploité dans la zone jusqu’au XIXe siècle, d’où la présence également d’une trentaine de fosses de 5 à 8 mètres de large pour 3 mètres de profondeur mais qui ne sont pas d’époque antique, celles-ci exploitaient surtout le chapeau de fer du terrain.
- Le site minier antique d’Argentolle à Saint-Prix est aujourd’hui défiguré par une exploitation moderne de fluorine, minerai dont le massif du Morvan est très riche, et les fouilles manquent à cet endroit pour indiquer les époques où ce lieu a été utilisé. Il reste cependant quelques minières sous le couvert de la forêt, d’une longueur de 14 mètres pour 7 mètres de large. Cependant on peut émettre l’hypothèse que ce site a été exploité seulement à partir de l’époque romaine à cause du toponyme : à cet endroit on exploitait les galènes argentifères, les pyrites et chalcopyrites, ainsi que l’argent natif. Or il semblerait que les Gaulois n’exploitaient pas l’argent, la raison en est d’ailleurs inconnue.
- A Autun, en contrebas du Bois de Rivaux, en dessous du passage de l’aqueduc, non loin des prairies où résident nos chères mules Valse et Vodka, se trouvaient des stannières, c’est-à-dire des fosses alluvionnaires permettant l’extraction de l’étain. Ces gisements furent importants pour la ville d’Augustodunum, qui était un centre métallurgique important, où l’on coulait le bronze. En témoigne le grand nombre de maisons liées à cette activité, retrouvées grâce à l’archéologie préventive sur le territoire de la ville d’Autun.
- A noter qu’on a également retrouvé des minières sur le Mont Beuvray, lors de fouilles près des murs d’enceinte. Les remblais auraient servi pour l’édification de palissades, à moins que ce soit l’inverse et que l’édification de la palissade ait permis de découvrir le filon.
Les types de roches en Morvan et leur utilisation
Sur les hauteurs du Morvan on trouve majoritairement du granite ainsi que des rhyolites, qui au niveau antique se retrouvent essentiellement dans les stèles funéraires du Morvan, et dans une moindre mesure dans les bâtiments. A cause de la nature métamorphique du granite, les stèles ont souvent un aspect grossier, moins délicat que dans les grands centres urbains ; à moins que cela soit lié à un manque d’habileté des tailleurs de pierre en zone rurale, ou que les populations gallo-romaines des campagnes manquent d’argent pour payer un travail de plus grande qualité. On a aussi évoqué l’idée que ces stèles, qui sont un apport des Romains, auraient été produites dans le cœur du Morvan par imitation, mais sans forcément bien comprendre le sens rituel de ces stèles, comme la romanisation est moins forte dans ces zones. Ceci expliquerait pourquoi la décoration se limite souvent à la forme de la personne et d’un récipient symbolisant la libation des rituels funéraires ; alors que dans les villes on trouve des personnages plus travaillés au niveau des coiffures, des vêtements, on voit également des outils rappelant le métier du défunt, mais on peut également voir figurée la famille.
Le grès se trouve essentiellement au sud d’Augustodunum sur le plateau d’Antully, mais on l’extrayait aussi à Couhard juste au-dessus d’Autun. Cette roche cémentée a été utilisée massivement pour la construction de la ville d’Autun, où la roche utilisée est une forme de grès grossier appelée arkose. On trouve également du schiste et du basalte dans les matériaux de construction. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les schistes bitumeux de l’Autunois ont été extraits dès l’Antiquité (Ier-IIe s. ap. JC), et on soupçonne que la roche ait pu être utilisée comme combustible. Cette dernière affirmation n’est pas confirmée, mais reste supposée à cause de l’extraction qui a été faite de manière massive aux Champs de la Justice. Ce qu’on a longtemps cru être des tumuli à cet endroit, la présence de menhirs le laissant supposer, sont en fait un site d’extraction du minerai ; or ces minerais n’ont pas été retrouvés de manière significative dans les bâtiments de la ville, ce qui suppose qu’on ait pu s’en servir comme combustible, car Augustodunum est un site métallurgique d’importance. Le bois, qui sert normalement de combustible, était plutôt rare à cette période, les légendaires forêts de la Gaule chevelue ne pousseront en fait que vers la fin de l’Empire romain. Il a très bien pu y avoir un recours à d’autres expédients pour poursuivre l’activité des fonderies.
L’argile est trouvée essentiellement dans la plaine de l’Autunois, elle sera extraite massivement pour la production de céramiques. On sait qu’Augustodunum a été de sa fondation jusqu’à la fin du IIIe siècle un centre important de production de céramiques, en particulier les dolia et les amphores qui serviront respectivement à la préparation et au transport du vin des vignobles bourguignons, sur les bords de la Saône. Cette production était très certainement massive. Au début du IVe siècle, l’emploi du tonneau se généralise et fera sans doute péricliter la production autunoise, ce qui explique peut-être que malgré la politique impériale pour redresser la ville, après les dégâts des guerres civiles dans la seconde moitié du IIIe, celle-ci n’ait malheureusement pas pu se redresser au même prestige qu’auparavant.
Les marnes et les calcaires sont très marginaux dans le Morvan. Cependant si du calcaire a pu se former au cours du Mésozoïque, alors que le Morvan était sous les eaux de la mer, il n’en reste rien car l’érosion a fini par rejeter ce calcaire sur les abords du massif, en particulier sur l’Auxois, le Bazois et le Châtillonnais. Ainsi les nombreux bâtiments antiques d’Autun qui étaient de matière calcaire sont bâtis avec des roches qui ne sont pas morvandelles, mais d’une lointaine origine morvandelle. Le calcaire et le marbre tonnerrois seront particulièrement utilisés. La logique aurait voulu que la cité éduenne utilisât les roches locales, mais Augustodunum est une image de Rome et il a donc fallu utiliser les matériaux communs des grandes villes de l’Italie : on fit même venir du marbre de Carrare, carrières exclusives de l’Empereur. Cependant depuis l’époque antique, on a extrait du marbre dans les carrières de Champrobert et Villapourçon dans la Nièvre, et il semble que celui-ci fut prisé.
Pour en savoir plus
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Archéologie en Bourgogne: L’enceinte monumentale d’Augustodunum (Autun 71)
Archéologie en Bourgogne: La nécropole de Pont l’évèque – Autun (71)
Archéologie en Bourgogne: Les Fontaines Salées, mémoires de sel, Saint–Père (89)
Archéologie en Bourgogne: Vestiges et création architecturale sur l’