Le Morvan dans l’Antiquité

Origine du nom Morvan

La plus ancienne mention de Morvan remonte au IXe siècle dans le Cartulaire du diocèse d’Autun, où la ville est dite se situer in Morvanto. Auparavant, les seules mentions que nous ayons font apparaître Morvinnum, qui est supposé être un village près de Lormes (58) dans la chronique de Frédégaire, qui fait passer Saint-Germain dans ce lieu. Sinon nous avons au IIe siècle la stèle d’un homme où figure l’inscription01)

D(iis) M(anibus) AEMILIO MORVINNICO AEDUO

C’est à cet Eduen, mort en Italie, que nous devons la plus ancienne mention supposée de la région morvandelle, où celle-ci semble bien plus être un village qu’un massif montagneux. Mais selon le philologue Xavier Delamarre, le M pour Moruinnico aurait pu être extrapolé, auquel cas il faudrait lire Oruinnico ce qui est à mettre en relation avec l’auroch, le nom n’aurait ainsi rien à voir avec le Morvan. Il faudrait voir l’inscription pour s’assurer de la justesse de l’interprétation.

Le nom du Morvan a fait couler de l’encre depuis bien longtemps, et ce pour des raisons évidentes : on ne connait pas l’origine de ce nom. Si l’origine celte de ce nom ne fait pour ainsi dire aucun doute, son interprétation est loin de faire consensus. On avance en général le sens de « Montagnes Noires » (muir pour hauteur et van pour noir), voire de « Mer de Montagnes » (mor pour mer et van pour hauteur), mais rien ne garantit ce sens. L’étymologie s’est faite depuis la langue bretonne, or la langue bretonne ne descend pas du gaulois mais du brittonique parlé en Grande-Bretagne. Les Bretons, comme leur nom l’indique, sont venus de Bretagne et ne sont en aucun cas les autochtones de l’Armorique, il est donc très hasardeux d’associer des toponymes avec une langue qui n’est au mieux qu’issue d’une langue cousine du gaulois [comme si on associait cane en italien avec cane en français].

L’étymologie la plus probante passe par les mots gaulois mori et vindo, signifiant respectivement mer et blanc/brillant, soit la Mer Blanche. L’explication donnée pour ce nom est proprement poétique : au lever du soleil, le Morvan est très fréquemment recouvert de brouillards qui s’étendent en nappes et au-dessus desquelles les sommets semblent émerger comme des îles sur une mer blanche. Ce spectacle est suffisamment courant, caractéristique et mémorable pour avoir suscité pareille dénomination. Cette dernière hypothèse reste cependant invérifiable.

Jacques Lacroix, dans son ouvrage Les noms d’origine gauloise, évoque quant à lui l’étymologie Maro-vidu-ennum qui signifierait les Hauteurs de la Grande Forêt, mais il est difficile de savoir si le Morvan était recouvert de forêts à l’époque celte.

Une étymologie par la langue burgonde a même été avancée. Elle reste possible comme en norrois mór désigne toute terre impropre à la culture, en particulier les marais et les tourbières, tandis que vand évoque ce qui est rude ou difficile d’accès. Cependant le burgonde, qui est proche du gothique, est mal connu ainsi que d’une branche différente des langues scandinaves, rien ne permet donc d’affirmer cette hypothèse. De plus le seul toponyme d’origine burgonde que l’on ait en Bourgogne se trouve être justement le nom de la région, les autres se trouvant plutôt dans le Jura et la Bresse.

Avant l’Antiquité

De ce que l’on en sait, le Morvan a été colonisé tardivement par l’homme. Les premières traces de peuplement remontent à 60.000 à 40.000 ans environ, comme de cette époque on a des traces d’industrie lithique en grand nombre. Cependant ces peuplements ne se font pas dans la montagne, mais essentiellement dans les vallées sur le pourtour du massif du Morvan, en particulier sur les bords de l’Arroux : on a retrouvé des traces à Toulon-sur-Arroux (71) ainsi qu’à Igornay (71). De plus ces pierres sont pour une grande quantité des silex, ce qui pose question puisque ces roches métamorphiques se trouvent en milieu calcaire ce qui n’est pas le cas du Morvan. On en a donc déduit qu’il y avait sans doute déjà à l’époque préhistorique un commerce soit d’objets soit de pierres entre les différentes régions. Mais les détails de ce commerce ne sont pas connus. Il est possible également que le Morvan n’ait été pour cette époque qu’une région de passage ou d’estive.

Les périodes couvrant le passage du paléolithique, cité précédemment, au mésolithique (9000 ans) sont très peu documentées et ne semblent rencontrer de traces de passage de l’homme que dans le sud de la Nièvre (rivages de la Somme et de l’Alène). Il faut donc attendre le Néolithique pour que le Morvan soit colonisé de manière permanente et jusque dans ses hauteurs, même si le peuplement le plus intense se fait dans la plaine d’Autun (71). De cette époque remontent tous les monuments mégalithiques qui ont été construits en grande quantité. Mais cela est peu flagrant aujourd’hui en raison des campagnes de destruction de menhirs et autres dolmens au XIXe siècle, puisqu’on a même donné des primes pour les abattre ! Malgré tout il en reste des traces importantes (quoique méconnues) à l’exemple de l’alignement des Champs de la Justice près d’Autun sur les bords de la N86 qui a été qualifié de Carnac bourguignon : 26 menhirs dont la plupart ont été enterrés par ordre du tribunal ainsi qu’une dizaine de tumuli. Toutefois la recherche archéologique de ces dernières années a mis en doute l’origine néolithique de ces tumuli qui ne seraient en fait que les traces d’une extraction de schiste à l’époque gallo-romaine, mais rien n’interdit de penser que ces extractions fussent déjà pratiquées 1000 ans plus tôt.

A noter également que de nombreuses pierres remarquables dans la région sont des pierres naturelles, et non des créations humaines (à Uchon 71), mais il n’empêche pas qu’elles aient pu servir dans des pratiques rituelles du Néolithique jusqu’à aujourd’hui. Certains nœuds fluviaux ont permis l’installation de vastes communautés humaines à cette époque, comme c’est le cas à Toulon-sur-Arroux (confluence de l’Arroux et du Pontin) et au quartier de la Genetoye à Autun (confluence de l’Arroux et du Ternin), où l’on a même retrouvé les traces de fortifications de cette époque. Cette dernière zone a été fortement habitée jusqu’au IIIe siècle après JC, et a pu justifier le choix de l’emplacement d’Augustodunum lors de la fondation de la ville. Mais ce ne sont pas les seuls sites connus à cette époque, puisqu’on a retrouvé des installations aux environs d’Antully, Arleuf, Bibracte, Broye, Château-Chinon, Luzy, Roussillon-en-Morvan, Tazilly, Vézelay et bien d’autres.

L’arrivée des Celtes

Les Celtes arrivent en Gaule dans la première moitié du Ier millénaire avant JC. Ceux-ci vont permettre une plus grande colonisation du Morvan à travers plusieurs facteurs. Les Celtes sont un peuple guerrier comme tous les peuples de langue indo-européenne et disposent d’une forte hiérarchie sociale, contrairement aux populations locales. Les Celtes ne sont pas un groupe monolithique d’individus mais un ensemble de peuples qui ne font que partager une langue et une religion, et ils vont s’établir petit à petit sur le territoire. Ainsi là où il n’y avait apparemment que des foyers de peuplement, ceux-ci vont mettre en place des structures étatiques pour protéger leur territoire et le gérer, l’oppidum étant le symbole le plus flagrant de la puissance d’un peuple puisqu’il en est la capitale.

Les Eduens, dont le nom semble signifier les Ardents, contrôlent un vaste territoire composé des actuelles Nièvre, Saône-et-Loire, un tiers de la Côte d’Or et les deux tiers de l’Yonne ainsi qu’une petite portion de l’Allier. Le Morvan se situe au centre de ce territoire et son oppidum est Bibracte, situé sur le Mont Beuvray, à la frontière de la Nièvre et de la Saône-et-Loire. Comme la plupart des peuples de Gaule, les Eduens ont une monarchie élective dont le chef, appelé vergobret, est désigné par l’assemblée des druides.

Le culte des sources prospère à cette époque dans le Morvan et l’on a retrouvé plusieurs fana de la période préromaine, en particulier aux sources de l’Yonne. Le site des Fontaines Salées à côté de Vézelay était déjà utilisé au néolithique mais va prospérer avec les Gaulois. Les Eduens vont exploiter ensuite leur position géographique dans des buts artisanaux et commerciaux. Les extrémités nord et sud du Morvan sont une porte pour le commerce de l’étain, qui est indispensable pour la création du bronze. L’étain provient de Grande-Bretagne et passe autour du Morvan avant de rejoindre la Saône et le Rhône pour parvenir jusqu’à la Méditerranée. Le massif lui-même est aussi producteur de nombreux minerais : étain, cuivre, fer, or, etc… Ce sont les Eduens qui vont commencer l’exploitation de ces minerais, et de nombreuses voies traversent déjà le Morvan et son piémont afin de faire transiter les marchandises. A cette époque la région du Morvan est fortement colonisée surtout dans la région d’Autun où on estime qu’il y avait une ferme presque tous les 100m dans un rayon de 5km autour de la ville et tous les 500m dans le reste du Morvan.

Les richesses offertes par le Morvan et sa position stratégique seront un facteur de puissance pour les Eduens, mais également une source d’ennuis qui les poussera à faire alliance avec les Romains. Avec leur aide ils deviendront la première puissance gauloise. Cependant l’incapacité des Eduens (et des Gaulois en général) à résister aux invasions diverses, qui mettent en péril le commerce (celui de l’étain en particulier), poussera C. Iulius Caesar à faire la conquête de la Gaule.

Le Morvan gallo-romain

Peu de choses changent pour les Morvandiaux après la conquête romaine. Pour cela il faut attendre la fin des guerres civiles et qu’Auguste commence à réorganiser l’Empire. L’événement majeur est la fondation d’Augustodunum (Autun) vers -15, qui sert de nouvelle capitale administrative de la civitas Haeduensis au détriment de Bibracte. La nouvelle cité, pourvue de tout ce que la « modernité » peut offrir, à savoir thermes, amphithéâtre, théâtre, sanctuaires nombreux, écoles, le tout dans la plaine d’Autun, va ainsi attirer une grande quantité d’habitants. Au point que lors de la révolte de Sacrovir en 21, c’est-à-dire une trentaine d’années plus tard, la ville est décrite par Tacite comme une des cités les plus florissantes de la Gaule. Bibracte va alors décliner mais sans être abandonnée.

L’intendance romaine va intensifier le travail des mines de fer du Morvan, tandis que les autres minerais sont délaissés : il est bon de noter que les intensifications, voire les délaissements, dans l’exploitation des minerais sont en général le résultat d’une action délibérée émanant du pouvoir impérial ; l’armée étant particulièrement dépendante des métaux pour l’armement, dans le cas du fer, et pour la solde des légionnaires, pour ce qui est de l’or ou l’argent. Les différentes roches du Morvan seront également très exploitées au moment de l’occupation romaine : grès, marbre, argile, arkose, granite, etc…

Les sources chaudes du Morvan seront également utilisées pour la création de thermes, comme c’est le cas en particulier pour le site de Saint-Honoré-les-Bains dans la Nièvre, le site des Fontaines Salées dans l’Yonne ou encore Magnien en Côte d’Or.

Ces différents sites seront placés souvent sur les voies principales ou à leurs abords, ce qui explique le placement de mansiones dans le Morvan, comme le site des Bardiaux sur la commune d’Arleuf dans la Nièvre.

Sources sacrées et sources chaudes

La religion gauloise est par nature aniconique et ne représente pas ses dieux, comme tous les peuples de langue indo-européenne à l’origine. La divinité est vue comme une entité réelle qui se manifeste réellement dans la nature, et les sources sont un des éléments particuliers de la manifestation de la divinité, l’eau étant le signe de la vie par excellence. Les sources sont donc un objet de vénération au moins depuis l’époque celtique, et le Morvan riche en sources a vu fleurir nombre de cultes à côté de celles-ci. Souvent la source est aménagée en bassin et autour de ce bassin est un fanum, à moins que celui-ci soit placé à côté. Lorsque le fanum est placé à côté, il s’agit souvent d’un lieu de culte de l’époque gallo-romaine où était placée la statue du dieu, car il faudra attendre l’arrivée des Romains pour que les Gaulois commencent à représenter leurs dieux.

Un grand nombre de traditions, qualifiées de superstitions, se sont maintenues à travers les siècles auprès des sources, le christianisme n’ayant pu au mieux que canaliser ces cultes vers une forme plus ou moins chrétienne : nombre de ces sources ont été christianisées en y plaçant le vocable ou la statue d’un saint, des églises ou des chapelles ont été édifiées à côté d’elles (assez souvent sur le lieu même d’un ancien temple gallo-romain). Cependant il ne faut pas voir dans toutes ces fontaines « miraculeuses » des lieux de cultes de l’Antiquité païenne ! Les vertus curatives et supposées miraculeuses des eaux sont un élément commun à toute l’humanité, quel que soit le lieu et l’époque, et certaines sources n’ont été christianisées que tardivement, souvent par imitation du culte d’une source d’une paroisse voisine, afin d’y créer un pèlerinage concurrent (comme ceux-ci s’accompagnent souvent de foires propices au gain). De plus, ce milieu rude qu’est le Morvan a vu de nombreuses périodes de peuplement et de dépeuplement, qui ne permettent pas d’assurer de source sure la continuité d’un culte auprès d’une source depuis l’époque antique.

Pour ce qui est de ces pratiques rituelles, nous n’en donnerons que des exemples succincts tant ils sont variés mais souvent redondants. En général on boit l’eau de la fontaine, ou alors on lave la partie malade du corps, voire on plonge un vêtement de l’enfant ou de la parturiente. Pour les problèmes de sécheresse, on allait en procession jusqu’au lieu où le curé était douché avec l’eau de la fontaine, et inversement pour les cas d’intempéries on faisait passer le prêtre au travers d’un grand feu : on a rapporté un cas à la fin du XIXe siècle où le prêtre avait failli mourir brûlé, sa chasuble ayant pris feu !

Quoi qu’il en soit, ces traditions se perdent depuis le XIXe siècle. Les progrès de la médecine ou de l’agriculture ont souvent rendu obsolètes la vocation de ces cultes dont l’objet était souvent d’obtenir une guérison, de protéger les hommes ou les bêtes de telle maladie ou encore de protéger les récoltes des intempéries ou des sécheresses. Ensuite la déchristianisation a fait disparaître la plupart des pèlerinages qui maintenaient en vie certaines de ces traditions. Plus grave encore, depuis une cinquantaine d’années, une grande quantité de ces sources ou fontaines ont aujourd’hui disparu en raison de l’urbanisme (c’est le cas des fontaines Saint-Léger, Saint Blaise et Saint-Symphorien à Autun), ou alors des méthodes modernes de pompage des eaux : on estime pour le Morvan que 75% de ce patrimoine plus de deux fois millénaire aurait déjà disparu ou serait en passe de l’être, soit par oubli des populations soit des suites de la modernité.

Les viae rusticae

Les différentes branches de la via Agrippa ne pénétraient pas dans le cœur du Morvan, mais en faisaient le tour. Elle arrivait d’abord depuis Lugdunum (Lyon), passait par Cavillonum (Chalon-sur-Saône), et parvenait ainsi jusqu’à Augustodunum (Autun). De là elle se divisait en deux branches principales : la première vers l’ouest, se dirigeait vers Avaricum (Bourges) pour rejoindre l’océan près de Mediolanum Santonum (Saintes) ; la seconde vers le nord tout d’abord vers Sidolocus (Saulieu) puis Aballo (Avallon), avant de rejoindre Autessiodorum (Auxerre) pour aller jusque sur les bords de la mer du Nord à Gesoriacum (Boulogne-sur-Mer). Contrairement à ce qu’on raconte souvent, ces routes n’étaient pas pavées car le pavé est trop glissant pour des chaussures cloutées, et ces voies existaient pour la plupart avant la période romaine. Les Romains se sont contentés de standardiser ces voies et des fois de corriger leur tracé afin de permettre une meilleure circulation du trafic.

Cependant le réseau routier à l’époque gallo-romaine ne se résumait pas à ces voies, il y avait un grand nombre de voies secondaires qui permettaient de circuler à l’intérieur des campagnes, d’où leur nom de viae rusticae. Si l’entretien des voies principales était à la charge de l’Etat, les viae rusticae étaient à la charge de la civitas, tandis que les voies privées étaient à la charge des particuliers. Le Morvan dispose d’un grand nombre de ces voies secondaires, en particulier pour des raisons économiques : les métaux qui sont extraits en abondance dans le massif ont besoin de rejoindre les grandes voies commerciales, c’est-à-dire dans les vallées.

Sinon les voies passent pour l’essentiel sur le pourtour du Morvan et sont souvent des itinéraires bis des grandes voies, car en fonction du chargement dans les chariots il n’est pas toujours aisé de suivre ces voies. On pense même que certains tronçons des voies principales ont été aménagés puis rapidement abandonnés au profit de ces itinéraires secondaires, soit que les voyageurs préférassent passer dans les agglomérations où se trouvaient des possibilités d’hébergement mais aussi de commerce, soit qu’ils préférassent les éviter à cause de leur situation géographique (en haut d’une colline par exemple). Ces cas de figure se retrouvent en particulier entre Saulieu et Avallon, où il est parfois difficile de dire où passait précisément la via Agrippa. Il est à noter que l’intensité du trafic, mais aussi l’éventualité d’accidents, ont pu justifier l’emploi de plusieurs voies entre deux localités, afin de fluidifier la circulation des voyageurs.

Les voies secondaires qui passent plus à l’intérieur du Morvan sont essentiellement concentrées autour de Bibracte. Même si l’oppidum éduen fut moins influent sous l’Empire, les alentours du Mont Beuvray et ses cols permettent des jonctions vers Cenabum (Orléans) via Arleuf (en particulier aux Bardiaux où se trouvait vraisemblablement une mansio). C’est également la zone où les mines et les carrières sont les plus fréquentes. Il semble qu’une autre voie secondaire depuis Augustodunum permettait de rejoindre la vallée de la Cure et Vézelay en passant par Quarré-les-Tombes.

L’étude des bornes miliaires, le long des voies, nous donne aussi de précieuses informations sur les limites des cités et les distances depuis le centre de la cité (puisque les bornes sont chiffrées depuis la capitale de la cité), ce qui peut aider à retrouver le tracé de ces voies. De même, il semble que par endroits les bornes miliaires aient été remplacées à l’époque tardive par des stèles funéraires : avec la christianisation on commence à préférer les tombeaux et l’emploi des stèles finit par s’oublier, elles ont ainsi parfois été réutilisées à ces fins. Cet emploi a été particulièrement remarqué entre Autun et Luzy, où le long d’anciennes voies on a retrouvé des stèles placées tous les milles sur plusieurs kilomètres. Il est possible également qu’à la suite d’invasions ou de guerres civiles, voire par manque d’entretien, les bornes aient pu être détruites et remplacées à la va-vite par des stèles suffisamment remarquables.

Mines / Ferrières

Les métaux du Morvan sont exploités depuis une époque très ancienne, et ce de manière intense. Certes le Morvan n’est pas très riche en terme de quantité, mais il offre une incroyable variété des métaux exploitables dès l’époque antique : fer, cuivre, étain, zinc, plomb, argent et or. Ces minerais étant essentiellement en surface, cela a surement joué dans la volonté des hommes de les exploiter. Nombreux sont les archéologues qui ont avancé le terme de paléo-industrie pour désigner l’intensité de ces exploitations. L’analyse des eaux des tourbières, des truites fario et des mulots de certaines zones du Morvan, a par exemple montré que celles-ci contiennent encore aujourd’hui un niveau important de plomb : ces poissons sont d’ailleurs impropres à la consommation si on s’en tient aux normes sanitaires en vigueur. Il a été estimé que 20% de cette pollution au plomb est due à l’exploitation minière antique (si on y ajoute l’exploitation médiévale, cette estimation passe à 70%). La plupart des exploitations minières de la région, pour l’époque gallo-romaine, sont des exploitations en alluvions. Cette technique consiste en le détournement des eaux d’une source ou d’une rivière, via des aqueducs, qui sont ensuite dirigées vers les vallées ; ces eaux passent alors sur des ravines creusées par les ouvriers qui charrient les minerais du sol, il reste alors aux ouvriers à collecter les minerais.02)

L’extraction de la pierre

Le Morvan est un massif très ancien, dont la structure géologique a été modifiée à de nombreuses reprises au cours du temps. Il en résulte que cette zone montagneuse est riche d’un très grand nombre de minerais, mais également de pierres. La ville d’Autun, adossée à la marge méridionale du « bassin d’Autun », au sud du massif du Morvan et aux pieds du mont Beuvray, occupe une situation privilégiée avec son paysage faiblement vallonné, aux altitudes modérées (- de 400m), contrastant avec ceux du socle du morvandiau.

Cette situation géologique et géographique, lui permet de bénéficier d’influences climatiques méridionales, donc plus clémentes, que celles qui règnent sur le reste du Morvan.

Il n’en fallut pas plus pour que les ingénieurs d’Auguste y placent leur « Rome gauloise, sœur et émule de Rome », Augustodunum, ou Autun.

J.M.

 

27 février 2017